136 research outputs found

    La fabrication d’une cérémonie funèbre : La mort d’un président de la République en France (1877-1996)

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    Le pouvoir de l’État sur l’organisation du mourir des individus ne peut se comprendre que par les relations unissant les espaces sociaux et les institutions chargées de définir et d’organiser la mort. Les funérailles des présidents français entre 1877 et 1996 illustrent le propos. Bien que non représentatifs pour le chercheur, ces événements sont présentés comme tels par un certain nombre d’interprètes : journalistes, officiants religieux et étatiques, héritiers, mais aussi sociologues, anthropologues et politistes. Le but de cet article est éminemment politique ; il vise à démonter la mécanique qui assure aux cérémonies funèbres présidentielles leur représentativité. L’époque, la position politique, la biographie du défunt, les qualités sociales et politiques de ses héritiers expliquent en partie la forme prise par l’événement. Dans les faits, ces éléments sont l’objet de négociation et de coproduction entre les institutions concernées. Loin de représenter fidèlement les volontés du défunt, la forme des cérémonies est marquée par les enjeux internes et les relations de pouvoir qu’entretiennent les institutions entre elles.The State’s power to organize the death of individuals can only be comprehended in light of the relationships that unite different social spaces with the institutions designated to define and organize death. The funerals of French Presidents between 1877 and 1996 illustrate this point. Although not representative by research standards, these events are presented as such by a number of observers : journalists, state and religious leaders, and descendants ; in some cases, this is equally true with certain sociologists, anthropologists and political scientists. The aim of this paper is essentially political ; it exposes the different mechanisms employed to ensure presidential funeral ceremonies are perceived as the norm. These mechanisms are in fact the object of negotiations ; they are co-produced by the institutions concerned. Far from faithfully representing the desires of the deceased, the form of these ceremonies expresses internal concerns of different institutions and manifests the issues affecting their relationships

    Who's counting? Institutional Autonomy and the Production of Activity Data for Disability Policy in France (2006-2014)

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    This article deals with the use of figures for public action piloting in disability policy. This particular public action sector seems to lack piloting figures and comparable data for the monitoring of action in institutions in charge of granting social services for disabled persons, the Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Based on fieldwork carried out since 2011 in this sector, this article reveals that the production of specific activity figures requires resource mobilisation and precise tasks on the part of organisations. The production of activity data therefore can reflect the autonomy of these administrative organisations. In limiting the capacity of these organisations specifically tasked with benefits attribution decisions, political authorities have also limited the autonomy they could in theory have claimed, and, in so doing, have limited their capacity to make these decisions independently of the political configurations and economic situations within which these benefits are recognise

    L'autonomie de l'Ă©quilibriste : contribution Ă  une sociologie de la production institutionnelle des droits

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    Alors que les travaux sur la « politique des droits » menés dans le prolongement de ceux de Stuart Scheingold abordent la concrétisation des droits des individus à partir d’une focale sur l’arène judiciaire et les mobilisations qui l’entourent, cet article s’intéresse à l’action plus discrète et quotidienne des institutions administratives. Il prend appui sur la comparaison de deux institutions ayant pour mission de favoriser l’accès de leurs publics aux droits qui leur sont juridiquement reconnus, le Médiateur de la République et les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Toutes deux fonctionnent comme des intermédiaires institutionnels de la concrétisation des droits, dont l’action porte plus précisément sur la définition de l’éligibilité des individus aux droits auxquels ils prétendent. En amont, leur intervention est subordonnée à la soumission d’un dossier par des usagers et, en aval, l’effectivité des droits qu’elles défendent ou notifient dépend de l’action d’autres institutions. Médiateur et MDPH se trouvent donc dans une position d’interface entre les demandes des usagers et l’environnement institutionnel auquel elles donnent accès. Dans cette configuration, elles apparaissent comme des équilibristes, constamment soumises aux forces opposées de la défense des usagers d’un côté et de la préservation de l’administration de l’autre. Leur autonomie institutionnelle s’incarne dans leur capacité, toujours fragile, à intégrer les contraintes contraires de leur environnement et afficher l’autonomie de leurs décisions

    Entre mobilisations et institutions : les politiques des droits dans l'action publique.

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    À l’interface entre sociologie du droit, sociologie des mouvements sociaux et sociologie de l’action publique, la notion de politiques des droits proposée par Stuart Scheingold dans son ouvrage fondateur The Politics of Rights a été définie et utilisée de différentes façons. L’accent a pu être mis, comme Scheingold lui-même le proposait, sur la dimension mobilisatrice de la référence aux droits, permettant d’activer la citoyenneté des individus et de bousculer les équilibres politiques. Dans une perspective différente, plusieurs travaux ont défini les politiques des droits comme un style de politique publique, favorisant un cadrage spécifique des mobilisations, facilitant l’accès de certaines catégories d’acteurs et de certains enjeux à des arènes de formation des politiques publiques, et produisant des effets (policy feedback) spécifiques. Ces deux façons de définir les politiques des droits invitent à s’interroger sur les reconfigurations que le recours aux droits produit, dans les rapports entre institutions gouvernantes, dans les structures de l’État ainsi que dans les relations entre institutions et mouvements sociaux. Ces trois perspectives sont au cœur de ce numéro

    L'autonomie de l'Ă©quilibriste : contribution Ă  une sociologie de la production institutionnelle des droits

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    Alors que les travaux sur la « politique des droits » menés dans le prolongement de ceux de Stuart Scheingold abordent la concrétisation des droits des individus à partir d’une focale sur l’arène judiciaire et les mobilisations qui l’entourent, cet article s’intéresse à l’action plus discrète et quotidienne des institutions administratives. Il prend appui sur la comparaison de deux institutions ayant pour mission de favoriser l’accès de leurs publics aux droits qui leur sont juridiquement reconnus, le Médiateur de la République et les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Toutes deux fonctionnent comme des intermédiaires institutionnels de la concrétisation des droits, dont l’action porte plus précisément sur la définition de l’éligibilité des individus aux droits auxquels ils prétendent. En amont, leur intervention est subordonnée à la soumission d’un dossier par des usagers et, en aval, l’effectivité des droits qu’elles défendent ou notifient dépend de l’action d’autres institutions. Médiateur et MDPH se trouvent donc dans une position d’interface entre les demandes des usagers et l’environnement institutionnel auquel elles donnent accès. Dans cette configuration, elles apparaissent comme des équilibristes, constamment soumises aux forces opposées de la défense des usagers d’un côté et de la préservation de l’administration de l’autre. Leur autonomie institutionnelle s’incarne dans leur capacité, toujours fragile, à intégrer les contraintes contraires de leur environnement et afficher l’autonomie de leurs décisions

    DĂ©sordres parlementaires

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    La séparation entre représentants et représentés s’incarne dans la topographie des lieux de représentation. C’est notamment aux portes du Parlement qu’elle est signifiée. Ainsi, pour Moisie Ostrogorski (1903 : 573), cité par Bernard Manin (1996 : 263), la faculté de l’opinion à inspirer et contrôler les dirigeants entre deux élections se traduit par la liberté et l’imprévisibilité de sa manifestation « jusqu’à la porte du Parlement ». Le trouble à l’ordre public qui peut en résulter contraste avec l’aspect codifié des échanges ordinaires à l’intérieur des chambres. Le rapport contrasté à l’ordre et à la violence de chaque côté des portes du Parlement constitue ainsi un aspect essentiel de l’institutionnalisation des assemblées et au-delà de l’autonomie des dirigeants au sein du gouvernement représentatif. À titre d’exemple, on note que si le droit de pétition est reconnu de longue date au Parlement, l’article 147-2 du règlement de l’Assemblée stipule que « une pétition apportée ou transmise par un rassemblement formé sur la voie publique ne peut être reçue par le Président, ni déposée sur le bureau ». L’autonomie des arènes parlementaires n’est toutefois jamais acquise. Elle est, comme le laisse entendre le mot « institution », en train de se faire, résultat des tensions sur lesquelles elle parvient plus ou moins à émerger. Plus précisément, la capacité des parlements à s’autonomiser est entravée par leur insertion dans un ordre politique plus large et par la sélection de leurs membres aux moyens d’élections populaires. Ainsi, de même que le débat parlementaire voit se côtoyer une grammaire de la discussion « autoréférentielle » et une grammaire critique organisant « un désenclavement structurel de la séance » (Heurtin 1999 : 267-268), l’espace public parlementaire semble pris dans une tension permanente, entre l’affirmation d’un ordre spécifique et son débordement. [Premier paragraphe

    Épitaphes oubliées. Les registres de condoléances à la mort d’un président de la République

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    Une analyse du contenu des messages inscrits sur les registres de condoléances à la mort des présidents de la République en France doit nécessairement considérer que ces messages sont des opinions politiques et qu’ils s’inscrivent dans un échange dont dépend le sens de l’hommage adressé au défunt. L’étude de ces deux présupposés amène au contraire à proposer une définition plurivoque de l’activité de signature d’un registre, activité qui tolère des investissements et des tactiques très différenciés.A content analysis of messages written in the condolences register on the death of Presidents of the Republic in France necessarily has to take into account the fact that such messages are political opinions and that they are part of a specific context of an exchange on which depends the meaning of the tribute paid to the late President. On the contrary, the study of these two presuppositions leads to a multiplicity of values a register signature is likely to embody. As a matter of fact, signing a book of condolences can stand a number of entirely distinct investments and strategies.Un análisis de los contenidos de los mensajes inscriptos en los registros de pésames luego del fallecimiento de un presidente de la República en Francia debe necesariamente tomar en cuenta que estos mensajes constituyen opiniones políticas y que se inscriben en un intercambio del cual depende el sentido del homenaje dirigido al difunto. El estudio de estas dos presuposiciones permiten al contrario proponer una definición plural de la firma de un registro, actividad que tolera inversiones y tácticas muy diferentes

    Les crédits de la gloire. Coût et financement des cérémonies funèbres présidentielles en France (1877-1996)

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    Cet article porte sur la question financière dans l’organisation des funérailles d’État. Celle-ci fait l’objet d’un cadrage serré de la part des différents acteurs. Le coût de ces cérémonies, difficile à établir définitivement, n’est pas la question qui intéresse le plus les organisateurs. Ceux-ci cherchent davantage à savoir qui va payer et à obtenir une diminution des coûts pesant sur les budgets dont chaque administration a la charge. En effet, l’État ne dépense pas sans compter lors de ces événements : il compte notamment les gratifications monétaires ou symboliques qu’il peut autoriser ou refuser, pour faire montre du monopole, auquel il prétend, de distribution des gratifications « nationales ». L’analyse de la dimension financière des obsèques révèle ainsi en quoi ces événements construisent des relations entre les différents acteurs investis dans la construction champ du pouvoir politique en France.This article focuses on the financial aspect of French State funerals, which is closely monitored by the various stakeholders. The cost of these ceremonies is difficult to establish clearly and, in any case, is not the main concern of the organizers. Rather they try to determine who will pay and how to reduce the cost supported by each administration. The paper will demonstrate that the State does not spend frivolously at such events, taking particular account of the monetary and symbolic bonuses it can authorize or refuse in order to vindicate its monopoly on the distribution of national bonuses. Analyzing the financial aspect of state funerals reveals how they influence the relationships among those involved in the construction of political power in France

    Kerstin BrĂĽckweh, Dirk Schumann, Richard F. Wetzell, Benjamin Ziemann (Eds), Engineering Society. The Role of the Human and Social Sciences in Modern Societies. 1880-1914

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    Quel point commun entre l’Église catholique de l’après Seconde Guerre mondiale, la politique de protection de l’enfance en Espagne au tournant des XIXe et XXe siècles, la mise en place d’assurance contre les accidents du travail dans plusieurs pays européens dans les deux dernières décennies du XIXe, les prérequis psychologiques de la citoyenneté aux Pays-Bas tout au long du XXe siècle, la diffusion des sondages d’opinion et le triomphe de la société de consommation après 1945 aux États-Unis ..

    Le voyage des droits:Introduction à la traduction de “Rights or quotas”

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    Dans le texte que nous traduisons dans ce numéro, la politiste américaine Katharina Heyer analyse la manière dont un modèle de politiques du handicap d’origine états-unienne, fondé sur la référence aux droits des personnes handicapés (« civil rights model », ou « modèle des droits »), a fait l’objet de transferts militants en Allemagne et au Japon, où il s’est heurté à une tradition différente d’intervention publique fondée sur la séparation et la protection (« social welfare model » ou « modèle de protection sociale »). Cet article croise une démarche de sociologie des mouvements sociaux avec une appréhension comparative des politiques publiques et du droit dans le secteur du handicap. Le traduire permet de revenir sur ces deux dimensions essentielles des travaux contemporains sur les politiques du handicap au double sens de politics et de policy  : étude des mobilisations collectives et analyse du sens de l’intervention étatique dans ce secteur. L’intérêt du texte de Heyer tient précisément à ce qu’il permet de penser l’articulation de ces deux dimensions. Partant de l’identification de deux modèles de prise en considération du handicap par l’action politique, « modèle des droits » et « modèle de protection sociale », l’auteure montre comment l’étude des transferts militants met justement à l’épreuve cette amorce de typologie des politiques du handicap, tant les formes de l’intervention publique apparaissent plus hybrides en pratiques. L’expérience de traduction est tout aussi révélatrice à cet égard que le «  voyage des droits  » qui fait l’objet de l’analyse de la chercheuse. [Premier paragraphe
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